Petite intro à l’article: je l’ai retrouvé dernièrement dans mes « archives », il a paru dans La Libre Belgique le jeudi 14 avril 1988 (eh oui, 1988!) mais comme c’était la première critique de fond parue sur mon travail, et qu’il n’a pas vraiment vieilli, je vous le livre …..
<< << ..respirer un grand coup de fraîcheur, c’est bien ce que l’on fait devant les peintures de Cynthia Evers. Voilà un peintre qui, avec des moyens à première vue réduits, des couleurs soigneusement harmonisées et sans violence, des sujets tout simples, parvient à laisser sourdre de ses tableaux une poésie du quotidien parfaitement authentique. Un coin de table, une porte entrouverte, un bout de chaise, des pieds reposants sur un appui, une fenêtre ouverte ou un personnage pensif, rien que de très banal dans de telles scènes mais la composition originale et une façon de voir quasi cinématographique – contre-plongées, gros plans, plans moyens – retirent de ces scènes intimistes une véracité de vécu qui frappe droit au but. Même lorsqu’elle use du noir et blanc, discrètement teinté, Cynthia Evers parvient à gommer toute dureté qu’on serait en droit d’attendre par l’absence de couleur. Rien de froid ici, mais au contraire le petit miracle d’une chaleur pudiquement voilée. Peut-être par cette touche de mélancolie que l’on retrouve dans la majorité des oeuvres. Voilà en tout cas une artiste à découvrir précisément pour la modestie de sa démarche. >>